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Rédigée par Eline H. / Mise en page par David D. Temps de lecture 14 mn.
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Dans le paysage effervescent du rap français, assez rares sont les artistes qui parviennent à se hisser au sommet en un temps record. Sous sa cagoule et son masque de ski, Houdi fait partie de ces exceptions. Lui qui sortait son premier single en avril 2022 vient d’annoncer son Zénith pour mars 2025, passant alors d’artiste émergent à artiste établi en seulement quelques années. Derrière ce succès se cache une question : comment Houdi a-t-il réussi à grimper si rapidement les échelons d’une industrie si compétitive ? Finalement, quelles ont été les clés de son ascension éclaire ?
Pour répondre à cette question, DansLaCiudad a enquêté et a interrogé ceux qui suivent son parcours : les houditeurs, ainsi que sa co cheffe de projet, Inès. A travers nos observations, discussions et les 131 témoignages recueillis, nous avons exploré les multiples facettes de ce rappeur masqué pour chercher à comprendre les clés de son ascension. Trois éléments majeurs se sont imposés : la productivité, la polyvalence et l’authenticité.
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PORTRAIT DE HOUDI : DEUX ANS POUR REMPLIR UN ZÉNITH
Malgré une certaine exposition, Houdi cultive une discrétion assez rare. Nous ne connaissons finalement pas grand chose sur le rappeur au masque de ski, si ce n’est son département d’origine : la Seine-et-Marne, le 77. Un chiffre qui s’invite régulièrement dans son univers (dans “Grhünt #77” ou “Sun7” par exemple).
Fervent auditeur de rap français (“Lesram, Alpha moi j’écoute que ça” disait-il dans “13 balles”), Houdi décide de s’essayer au rap et sort son premier single, “Calmé”, en avril 2022, produit par son label indépendant La Rêverie.
Dès lors, il ne ralentit plus et ne cesse de gravir les échelons. Finaliste du “ Freestyle Contest”, un concours organisé par Dosseh en octobre 2022, il a rapidement enchaîné les succès scéniques. Il se produit pour la première fois en solo sur la scène du FGO-Barbara en mars 2023, une salle parisienne aujourd’hui clé pour tout artiste en pleine émergence. Un an plus tard, en avril 2024, il atteint une nouvelle étape en performant à l’Olympia, l’un des temples du rap français qu’il sold-out en seulement quelques heures (9 pour être exact). Aujourd’hui, il vise encore plus haut avec un premier Zénith prévu pour mars 2025, gravant définitivement son passage de rookie à celui de rappeur établi.
Mais nous sommes convaincus que cette ascension, bien que rapide, n’est pas vraiment le fruit du hasard ou d’un concours de circonstances. Houdi a su, en deux ans à peine, élaborer une intelligente recette qui allie productivité, adaptation et fidélité à ses valeurs, des ingrédients qui ont fait de lui l’un des artistes les plus prometteurs de notre génération. “Il est productif, complet et a su bâtir une communauté solide. Il a la capacité artistique et l’image pour devenir l’une des têtes du rap français” a écrit un houditeur.
«Chaque sortie est ainsi l’occasion de montrer une nouvelle facette de sa musique, tout en conservant l’attention de son public….»
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LA PRODUCTIVITÉ: TEMA LE RUN
Dans un monde où l’attention du public est souvent aussi volatile qu’une story insta, la capacité à rester constamment présent peut être un atout. Houdi semble l’avoir très bien compris. En l’espace de deux ans, il a sorti pas moins de huit projets, ce qui témoigne objectivement d’une certaine discipline et créativité. Ce constat est majoritairement partagé par les houditeurs, puisque 84% de ceux interrogés estiment que cette productivité a participé à son succès.
Ce marathon musical commence dès la sortie de son premier morceau début 2022. Il enchaîne ensuite les freestyles et singles jusqu’en août de cette même année, où il dévoile “WOKA”, son premier EP quatre titres. Les projets se succèdent ensuite presque tous les deux mois, de “La Bête” en novembre 2022, jusqu’à “LE DERNIER RAYON DE SOLEIL ” en septembre 2024. Cette dynamique lui permet de rester présent dans l’esprit des houditeurs, dont 87% affirment avoir écouté ses huit projets. Chaque sortie est ainsi l’occasion de montrer une nouvelle facette de sa musique, tout en conservant l’attention de son public.
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Ce marathon est-il une stratégie pour justement conserver cette attention du public ? Ou Houdi déborde-t-il tout simplement de créativité ? Nous avons posé la question à Ines, sa co cheffe de projet, qui nous a répondu que c’était finalement un peu des deux : « Je pense qu’au début, quand il a commencé à rapper et à avoir un peu d’argent pour aller au studio, ça a été un vrai plaisir pour lui de pouvoir y aller tout le temps et il a fait plein de sons. Mais il avait aussi cette stratégie dès le départ de faire des projets. (…) Quand tu es un artiste en développement, le fait d’avoir plusieurs sons sortis te permet aussi de faire de la scène plus rapidement. La productivité c’est important dans les débuts d’une carrière ».
Mais là où certains artistes privilégient la quantité au détriment de la qualité, Houdi parvient à se démarquer par sa capacité à produire sans sacrifier son intégrité artistique. Comme le souligne un houditeur “à chaque projet, on sent qu’il se perfectionne artistiquement”, et cela semble partagé par le reste de son public dont la grande majorité a remarqué une évolution significative (et positive) depuis ses débuts. Houdi réussit donc à conserver sa pertinence tout en maintenant un rythme de sortie soutenu.
Cependant, les houditeurs sont partagé quant à la nécessité d’un éventuel ralentissement : 41% pensent qu’il ne devrait pas diminuer son rythme pour se concentrer sur des projets plus longs et plus aboutis, préférant qu’il maintienne son intensité actuelle de production ; tandis que 29% estiment le contraire, craignant que « ça tourne en rond » ou « qu’en ne visant que la productivité se soit au détriment de la qualité ». Ce débat montre la complexité des attentes de son public, partagé entre l’envie d’un contenu plus élaboré et la satisfaction d’un run imperturbable. Ines, de son côté, a tranché la question : “Si ça ne tenait qu’à moi, il ne devrait pas ralentir. Par contre, s’il veut faire un album, il faut qu’il prenne le temps”.
LA POLYVALENCE: HOUDI TOUT TERRAIN
Si la productivité est, sans doute, une des clés du succès de Houdi, sa capacité à slalomer d’un genre à l’autre en est une autre, et 80% des houditeurs l’ont également affirmé.
Il ne se contente pas d’un seul registre, bien au contraire, il explore un éventail de styles musicaux. De la trap percutante de “RIP” au boom-bap nostalgique de “Dérapages”, en passant par les sonorités estivales de “Sensation” ou encore la G-Funk de “Hood”, le rappeur du 77 montre qu’il peut aller sur tous les terrains. Comme le fait remarquer un houditeur : « on ne sait jamais à quoi s’attendre ».
« Il ne travaille qu’avec des artistes qu’il aime, et il s’amuse à aller sur le terrain de sa collab” précise sa co cheffe de projet…»
Cette diversité musicale, où il alterne entre rap technique et mélo autotunées, lui permet de toucher une audience plus variée et de constamment renouveler l’intérêt de son public, qui semble apprécier cet aspect. En effet, la majorité des houditeurs (79%) considèrent qu’il maîtrise aussi bien l’un que l’autre, prouvant la qualité de sa polyvalence. “Il ne fait pas forcément exprès d’être polyvalent. Il s’amuse, il teste. La musique c’est des expériences et un moyen de libérer ses émotions pour Houdi, et il essaie de régaler tout le monde” nous confie Ines. Cela se reflètent d’ailleurs dans les préférences de son public: sur les 130 réponses reçues à la question “quel est ton morceau préféré de Houdi ?”, plus de 50 titres différents ont été cités. Il régale vraiment tout le monde, chaque houditeur est touché par un aspect différent de sa musique. Chaque titre a ainsi sa place et son audience.
Mais la versatilité de Houdi ne se cantonne pas aux styles musicaux. En effet, il l’exprime également à travers ses featuring, travaillant aussi bien avec des anciens sur de la « trap consciente » (comme avec Dosseh sur “À perte”) qu’avec la nouvelle génération sur de l’hyperpop (tel que sur “Nuages” avec winnterzuko). “Il ne travaille qu’avec des artistes qu’il aime, et il s’amuse à aller sur le terrain de sa collab” précise sa co cheffe de projet. Ces collaborations, loin d’être stratégiques à l’origine, semblent tout de même avoir joué un rôle dans son ascension, lui permettant potentiellement de renforcer son image dans le rap français tout en apportant une diversité supplémentaire à ses projets.
Toutefois, cette polyvalence soulève aussi une question : n’y a-t-il pas un risque que son public ait du mal à identifier pleinement l’essence de sa musique ? Si pour 60% des houditeurs, cette diversité est perçue comme une richesse qu’il devrait encore explorer, “empêchant un sentiment de répétitivité”, d’autres pourraient y voir un manque de direction claire. Comme nous l’a fait remarquer Ines : “[La polyvalence] est une qualité car tu as plus de chance de parler à un grand nombre. Mais c’est à double tranchant, certaines personnes peuvent te suivre sur un projet mais pas sur un autre”.
Cependant, Houdi semble avoir trouvé un équilibre, en innovant sans jamais perdre de vue ce qui fait sa singularité, naviguant entre différents styles tout en conservant une cohérence qui lui est propre. “On reconnaît facilement Houdi, dans sa manière de poser et dans sa voix.”, écrit une houditrice, “ il a un champ lexical propre à lui dans ses textes, ses gimmicks, sa façon de parler” complète Ines.
L’AUTHENTICITÉ: LE CHOUCHOU DES AUDITEURS
Ce qui a réellement permis à Houdi de se distinguer sur la scène rap, au-delà de sa musique, c’est sa manière authentique de communiquer. Que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans ses textes, il semble maîtriser l’art de se montrer naturel et spontané, comme l’ont confirmé 94% des houditeurs interrogés.
En effet, sur les réseaux sociaux, notamment sur X (anciennement Twitter), Houdi n’hésite pas à user de l’humour et du second degré, souvent de manière auto-dérisoire. Ce trait lui a permis de créer une certaine proximité avec son public, le rendant accessible. On a un peu le sentiment de suivre un pote qui a percé dans la musique.
Ses textes, eux aussi souvent ponctués d’humour, participent à cette authenticité. Beaucoup d’entre-nous se souviennent de la phase dans son mythique freestyle “Tranquillement”, “Quand j’me suis péta avec un nain, j’ai failli perdre, il était grave vif”, et cette facette golri apporte un vrai plus à ses morceaux. Il a confié à Mouv’, qu’il faisait de l’humour musicalement parce qu’il restait naturel et qu’il était comme ça dans la vie.
Cette approche légère et décontractée, dans sa musique mais aussi dans son image, est devenue une véritable signature qui semble avoir fidélisé ses houditeurs. En effet, une grande majorité reconnaît que la personnalité de Houdi est un véritable atout (91%) qui leur a donné envie de suivre de plus près sa carrière (86%). Cela a d’ailleurs été confirmé par Ines : “On est un peu dans un ère de divertissement, et Houdi ça lui sert car c’est assez naturel chez lui, il aime faire rire les gens. Ça a joué énormément car ça lui a permis d’avoir une communauté qui s’engage”.
Pourtant, derrière cette image divertissante, se cache un artiste qui sait se montrer technique : « Parfois fun, parfois mélancolique, mais la technique est sérieuse » témoigne un houditeur. En effet, si l’humour peut parfois donner l’impression d’un personnage ou d’une parodie, à la manière de Lorenzo par exemple, Houdi ne laisse aucun doute sur son sérieux en matière de rap. Ses textes, ses instrus et ses clips sont travaillés, et cette dualité entre légèreté et technicité, loin de brouiller son identité, vient la renforcer. “Il fait parfois des placements bêtes et méchants, mais c’est en réalité super technique, très intelligent et propre à Houdi. C’est un mec qui sait rapper et je pense que c’est aussi pour ça que les gens l’aiment” nous a confié sa co cheffe projet.
En fin de compte, cette authenticité est non seulement une stratégie efficace pour engager son public, qui apprécie à la fois le côté divertissant et sérieux de ses morceaux comme de son image, mais aussi une véritable force qui lui permet de se distinguer sur la scène rap.
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CONCLUSION
Finalement, l’ascension fulgurante de Houdi n’est ni le fruit du hasard, ni due à la chance.
En seulement deux ans, il a réussi à captiver ses houditeurs avec une production constante et diversifiée. Mais il a aussi su tisser un lien de proximité grâce à une communication spontanée et un sens de l’humour, qui font de lui un artiste aussi technique que divertissant.
Au-delà de ces éléments clés, il apparaît que plusieurs moments ont marqué son ascension. Comme le révèle les réponses des houditeurs, trois moments se distinguent clairement dans la jeune carrière de Houdi : le freestyle “Grhünt #77”, la sortie de “La Folie des Grandeurs” et la sortie de son album “Sun7”.
Chacune de ces étapes a contribué à la construction de sa notoriété et de son identité artistique, et a renforcé son lien avec un public de plus en plus large.
La prochaine grande étape à venir est son Zénith en mars 2025, qui est un bon témoin de la solidité de son parcours et de la fidélité de ses houditeurs.
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