“J’ai toujours du mal à réaliser que je suis en train de faire ce que j’ai toujours voulu.”

Dans un monde où les frontières entre les genres musicaux s’estompent et où de nouvelles voix émergent chaque jour, il est essentiel de prêter une oreille attentive aux artistes qui ont cette capacité magique de transformer les émotions en mélodies.

C’est dans cet esprit que j’ai rencontré Ilona aka Jilo, jeune artiste de 23 ans dont le talent et la vision promettent d’insuffler un vent de douceur à cette industrie. Pendant près d’une heure, nous avons discuté sans filtre de ses débuts récents, de ses doutes et fiertés, de musique, mais aussi des autres.

 

La Casa Country Club

DansLaCiudad:Quand as-tu commencé à faire de la musique ?

Jilo : J’ai commencé sérieusement le projet “Jilo” quand je suis arrivée à Paris en 2022.

Ça fait un peu moins de deux ans que j’ai commencé, avec la sortie de Sarcophage mon premier single en français. Mais depuis mes 14 ans environ je prends des cours de chant.

Tu n’as donc pas grandi à Paris. Pourquoi avoir décidé de monter ici ?

Non j’ai grandi à Tours et j’ai fait une partie de mes études à Chambéry. Donc full campagne, je ne suis vraiment pas une fille de la ville. Je suis montée à Paris d’abord pour mes études. C’est une sécurité que je veux avoir et que je veux donner à mes parents parce que c’est tellement un pari de devenir artiste. Et dans ma tête ça s’est débloqué très tard le fait que ça pouvait être un métier full time, seulement quand je suis arrivée sur Paris.

Tu t’imagines maintenant faire de la musique ton métier ?

Pouvoir vivre de la musique, c’est mon rêve depuis tellement longtemps. Aujourd’hui il y a des étapes qui sont franchies et c’est hyper gratifiant d’arriver à faire des choses que j’ai imaginé il y a plusieurs années en arrière. Je m’imaginais faire des concerts, des petits projets réunissant plusieurs titres… et aujourd’hui c’est des choses que je fais. J’ai toujours du mal à réaliser que je suis en train de faire ce que j’ai toujours voulu.

Pourquoi tu t’es lancé dans la musique ? Quel a été le déclic ?

En vrai, on dit partout que les opportunités c’est sur Paris et c’était peut être ancré dans ma tête. Donc c’est mon arrivée à Paris qui a été le déclic. Mais la musique a toujours été un moteur dans tout ce que je faisais. C’est tout le temps dans ma tête, j’y pense même sans m’en rendre compte. C’est très présent depuis longtemps, même enfant je chantais tout le temps et partout. J’ai l’impression que cette sensibilité artistique fait partie de moi.

Tu écoutais quel style de musique quand tu étais enfant ?

J’écoutais beaucoup de chansons françaises parce que mes darons kiffaient ça. Genre du bon vieux Jean-Jacques Goldman, Michel Berger (rires). Mais aussi la pop féminine comme Britney Spears, Alicia Keys, Beyonce, les Pussycat Dolls. Je me prenais la musique de ces meufs, les visuels, les chorés, ça faisait rêver.

Et aujourd’hui on trouve quoi dans ta playlist ?

Aujourd’hui il y a toujours des meufs ! Lala&ce j’aime trop, Amaarae, Amaria, Zinée. Beaucoup de rap français aussi, j’aime beaucoup Luther et GEN.

© photo reprise d’un réseau de Jilo

MALKWAVE 2024

© photos reprises d’un réseau de Jilo

C’est ça l’objectif de ta musique, de toucher des gens ? Ou tu fais tout ça d’abord pour toi ?

Je le fais d’abord pour moi. J’ai besoin d’aller chercher des trucs qui moi me touche avant de pouvoir en être fière et de pouvoir le montrer à des gens. Et la récompense c’est que des gens se reconnaissent là-dedans.

Tu puises donc ton inspiration de ta vie, de ton propre vécu ?

Pas que de ma vie en vrai, je suis très observatrice et empathique. Je me mets facilement à la place des gens. Donc que ce soit des histoires qui m’arrivent à moi, ou des choses qui arrivent aux autres personnes, je les ressens x10. C’est assez facile d’être influencée, même juste par l’environnement extérieur, la nature, c’est des choses qui m’inspirent énormément. Je me perds totalement là-dedans, je suis complètement fascinée par le moindre truc. J’ai l’impression d’avoir cette sensibilité extrême qui a été dure à gérer. D’ailleurs je parle beaucoup des autres personnes dans mes morceaux car mes interactions avec les gens ont été difficiles à gérer de par cette sensibilité-là. C’est quelque chose qui me fait réfléchir tous les jours, la manière d’interagir avec les gens, la manière de me sentir avec les gens. Après je parle aussi beaucoup de moi car les ressentis sont dans ma tête.

En parlant de connexion, quel serait ton feat de rêve ?

J’aime beaucoup Luidji. Lolo Zouai aussi, c’est ma maman spirituelle, elle m’a trop fait rêver depuis 2019 et m’a déter à faire de la musique. Et Josman. J’aime beaucoup les feat mec-meuf parce que je trouve qu’il y a une bonne balance entre les voix.

En un mot, comment qualifierais-tu ta musique aujourd’hui ?

Je dirais “chimique”. J’ai trop du mal à définir ma musique, à me ranger dans un style, mais j’aime bien ce mot. Je dirais aussi “ensorcelant” car c’est la réaction que j’ai eu plusieurs fois face au public. J’avais l’impression de les avoir hypnotisés, ils étaient là mais on aurait dit qu’ils n’étaient plus là. Il y a une certaine connexion qui se fait mais elle est spéciale. Pour moi les concerts qui étaient réussis c’était ceux où tu turn-up, où les gens sont fous, mais moi j’ai eu une réaction où les gens étaient plus dans la découverte. Ils étaient grave attentifs. Et j’aime bien aussi cette connexion car elle est plus intrigante, elle est mystérieuse. J’aime ce côté mystérieux car ça fait partie de ma personnalité. Je suis curieuse, j’aime aller chercher l’inconnu, me poser des questions que les gens ne vont pas forcément se poser, aller chercher des trucs dont on ne parle pas.

C’est une bonne chose finalement de ne pas faire rentrer ton style musical dans une case ?

Oui au final c’est cool ! Mais en même temps c’est assez chiant quand les gens te demandent ce que tu fais comme style et que tu essayes de définir avec des mots clés, c’est hyper dur. Généralement je dis que je fais un peu du cloud rap. J’aime les prod trap/rap mais je chante dessus. Je ne me reconnais pas du tout dans la qualification de “rappeuse”, je n’ai pas l’impression de faire du rap.

A quoi doit-on s’attendre pour les prochaines sorties ?

Je pense faire quelques singles avant de sortir un petit projet en début d’année prochaine. Il y a un gros banger qui va arriver mais avant ça il y aura d’autres morceaux sombres, dans ce que j’aime faire. J’y vais petit à petit.

Qu’est-ce que je peux te souhaiter Jilo pour cette année 2024 ?

Des scènes de ouf, de beaux clips, et du bon son !

© photos reprises d’un réseau de Jilo

Tu es également présente sur le projet Qulture parisienne de l’Apache, comment s’est passée la connexion ?

C’est l’Apache qui m’a envoyé un message sur Instagram en me proposant de faire partie de cette mixtape. Après je me suis retrouvée dans la discussion avec tous les artistes et je me suis sentie encore une fois trop chanceuse d’être dans une sphère que je regardais de loin il y a quelques mois. J’ai trop kiffé l’expérience et le son que j’ai fait je l’aime vraiment bien. Je suis trop contente d’avoir fait cette collaboration, et ça m’a permis de connecter avec d’autres gens aussi donc c’est cool.

En parlant de connexion, quel serait ton feat de rêve ?

J’aime beaucoup Luidji. Lolo Zouai aussi, c’est ma maman spirituelle, elle m’a trop fait rêver depuis 2019 et m’a déter à faire de la musique. Et Josman. J’aime beaucoup les feat mec-meuf parce que je trouve qu’il y a une bonne balance entre les voix.

En un mot, comment qualifierais-tu ta musique aujourd’hui ?

Je dirais “chimique”. J’ai trop du mal à définir ma musique, à me ranger dans un style, mais j’aime bien ce mot. Je dirais aussi “ensorcelant” car c’est la réaction que j’ai eu plusieurs fois face au public. J’avais l’impression de les avoir hypnotisés, ils étaient là mais on aurait dit qu’ils n’étaient plus là. Il y a une certaine connexion qui se fait mais elle est spéciale. Pour moi les concerts qui étaient réussis c’était ceux où tu turn-up, où les gens sont fous, mais moi j’ai eu une réaction où les gens étaient plus dans la découverte. Ils étaient grave attentifs. Et j’aime bien aussi cette connexion car elle est plus intrigante, elle est mystérieuse. J’aime ce côté mystérieux car ça fait partie de ma personnalité. Je suis curieuse, j’aime aller chercher l’inconnu, me poser des questions que les gens ne vont pas forcément se poser, aller chercher des trucs dont on ne parle pas.

C’est une bonne chose finalement de ne pas faire rentrer ton style musical dans une case ?

Oui au final c’est cool ! Mais en même temps c’est assez chiant quand les gens te demandent ce que tu fais comme style et que tu essayes de définir avec des mots clés, c’est hyper dur. Généralement je dis que je fais un peu du cloud rap. J’aime les prod trap/rap mais je chante dessus. Je ne me reconnais pas du tout dans la qualification de “rappeuse”, je n’ai pas l’impression de faire du rap.

A quoi doit-on s’attendre pour les prochaines sorties ?

Je pense faire quelques singles avant de sortir un petit projet en début d’année prochaine. Il y a un gros banger qui va arriver mais avant ça il y aura d’autres morceaux sombres, dans ce que j’aime faire. J’y vais petit à petit.

Qu’est-ce que je peux te souhaiter Jilo pour cette année 2024 ?

Des scènes de ouf, de beaux clips, et du bon son !

Interview-Roxane-Peyronnenc

« …c’est dû au flux du studio,

les gens qui sont passés ici. »

J’avais noté que ton premier single était Néon. Il n’est plus disponible sur les plateformes aujourd’hui, il y a une raison ?

Il y a totalement une raison (rires). J’ai sorti des sons à une période où je n’assumais pas de faire de la musique. Ils étaient en anglais, full effets et autotune pour cacher ma voix au maximum. Je n’étais plus du tout fière de ces sons quand je suis passé au français, il ne me représentait pas tellement au final. Donc j’ai décidé de les enlever des plateformes pour avoir un vrai départ.

Ça m’amène deux questions, d’abord pourquoi avoir décidé de passer au français ?

J’aime trop le français et la poésie. Et les textes en français sont beaucoup plus percutants que ceux en anglais. Il y a un truc hyper brut à parler dans sa langue natale car tout le monde comprend les mots que tu veux dire. Tu ne te caches pas derrière des mots en anglais. En vrai, le fait de chanter en anglais c’était pour cacher ma timidité. 

© photos reprises d’un réseau de Jilo

Jilo

Ensuite, tu as voulu repartir de zéro en supprimant tes anciens sons, comme Néon. Pourquoi ne pas avoir également supprimé ton projet commun avec le producteur GRIGRI, Daylight, sorti en 2019 ?

Il y a une valeur sentimentale avec ce projet. GRIGRI c’est un de mes potes du lycée, on a fait une coloc ensemble lorsque j’ai fait mes études à Chambéry. Lui il composait, il faisait des prods, et il est venu me chercher parce qu’il avait besoin d’une voix féminine sur ce projet et ça a vraiment été la première fois où j’ai composé des morceaux, où j’écrivais des paroles. Ça a été mon premier pas dans la production musicale. Cette mixtape c’est que des bons souvenirs, que du soleil. En plus elle avait été trop bien reçue par nos potes et il y en a encore qui l’écoute aujourd’hui !

C’était comment de te lancer “pour de vrai”, avec le morceau Sarcophage. Tu appréhendais cette première sortie, ou au contraire tu étais soulagée d’enfin te lancer ?

J’étais grave soulagée. En plus il y a eu de supers retours sur ce single, alors que je m’y attendais pas du tout. C’est grâce à ce morceau notamment que j’ai contré Clearwaters. Ils avaient kiffé le morceau et ils m’ont directement soutenu. Donc oui j’étais soulagée d’avoir enfin des retours sur un morceau dont j’étais fière. Sarcophage c’est toujours un morceau que je kiffe faire sur scène et dont je suis encore fière aujourd’hui.

2023 a été une grosse année pour toi il me semble, qu’est ce qu’elle t’a apporté ?

Ça a été un step-up de ouf. Rien que pour ma musique, ça a pris de l’ampleur. J’ai aussi rencontré des gens tellement cools, hyper bienveillants. J’ai rencontré mon copain qui m’aide aujourd’hui sur la production de mes sons puisque c’est mon ingé. J’ai l’impression d’avoir une sorte de petit noyau de gens qui me font confiance, et ça a été un peu ça le travail de cette dernière année. De réunir des gens autour du projet, de les investir dedans.

Et d’un point de vue plus personnel, je me suis grave recentrée sur moi, sur ce que je voulais faire, comment gérer cette triple casquette entre les études, l’alternance et le projet. Faut que je garde ces trois bateaux à flots. En résumé ça a été du charbon, des rencontres et des récompenses.

Tu as sorti plusieurs singles l’année dernière, dont Soft baby, un vrai banger qui mélange sonorités hip-hop et électroniques, tu as un lien avec l’univers électro ?

C’est GRIGRI qui m’a trop influencé sur ça. Aussi à Tours il y a une bonne scène électro. Ça a été un premier kiffe et c’est un truc que j’aime toujours. Mais pas autant que le rap, même si j’en intègre un peu dans mes morceaux.

« je suis constamment en train d’essayer d’analyser mes émotions »

Tu as également gagné le concours organisé par Feel event, qui te permettait de performer pendant la Discover party le 15 février dernier, c’était une bonne expérience ?

C’était incroyable. Déjà la sensation de gagner un concours elle est folle. En plus j’ai participé peu de temps avant la fermeture des candidatures et il y en a eu 600. Quand j’ai reçu un message vocal de Feel m’annonçant que j’avais gagné le concours la vague de joie était hyper intense. Je suis restée sur un nuage tout le weekend. Et même après avoir échangé avec eux, ils étaient hyper bienveillants. Ça s’est aussi ressenti sur place pendant toute la logistique de la date, ils étaient gentils et humains, et c’est le meilleur truc dans ce milieu. Quand les gens font les choses par passion ça se voit, et eux c’est une équipe trop passionnée.

Puis c’était un honneur de jouer sur la scène de La Place. C’était l’enjeu de cette date de me faire découvrir à des gens qui ne me connaissent pas, j’aimais bien le challenge. J’ai eu une réaction hyper bienveillante du public, je me suis sentie à l’aise. Il y avait une super atmosphère.

Tu aimes la scène ?

C’est ce qui me fait vibrer d’être sur scène. C’est tellement une décharge d’émotions et en même temps t’en prend plein. C’est des moments cathartiques, hyper forts. Mais toutes les étapes de ce métier sont incroyables à vivre, que ce soit tourner un clip, enregistrer un son en studio, faire des maquettes chez toi accroupie sur ta chaise.

Tu as prévu de refaire un concert prochainement ? Peut-être en solo ?

La scène toute seule ne va pas venir tout de suite je pense. J’ai envie d’attendre un peu. Je préfère composer et sortir encore des morceaux. Mais sinon pas de concert de prévu, on verra… 

Parlons maintenant de ton premier projet sorti fin janvier, un trois titres que tu as nommé “Lilith”. Pourquoi avoir choisi ce nom ? Est-ce que ça renvoie à la femme du diable ?

Lilith c’est un terme qui a plusieurs symboliques, que moi j’ai pris à l’astrologie. Lilith c’est la première femme d’Adam. Elle a été qualifiée de diabolique et de démone parce qu’elle était totalement insoumise. Elle a été bannie du jardin d’Eden parce qu’elle ne voulait pas se soumettre à Adam. Je n’avais pas connaissance de ce personnage au moment où j’ai choisi “Lilith”, je l’ai découvert après et je me suis dit “oh, stylé”. Elle est associée au serpent, c’est d’ailleurs pour ça qu’on retrouve un serpent sur la pochette.

Mais dans l’astrologie, Lilith est associée à la lune noire, en opposition à la lune. Ca renvoie à plein de symboles sur l’introspection. Je suis quelqu’un qui réfléchit beaucoup dans sa tête et quand je compose des morceaux j’ai ce processus d’intériorisation. Je rentre à l’intérieur de moi-même et je vais chercher des trucs qui touchent. Comme je suis constamment en train d’essayer d’analyser mes émotions, je trouvais ça cool de renvoyer à cette introspection dans un 3 titres où j’aborde justement des aspects très personnels. Je ne suis pas du tout dans le fait de ressasser les sentiments tristes dans la vie de tous les jours, mais c’est des trucs que je m’autorise dans mes chansons. J’aime trop aller explorer ce sentiment-là.

J’ai le sentiment qu’il y a beaucoup de remise en question dans tes morceaux, notamment dans Je saigne, pourquoi autant exprimer tes doutes ?

Tous les jours je me remets en question. C’est un truc constant, et ça touche aussi forcément la musique. C’était surtout le cas quand je ne me prenais pas au sérieux dans ma musique. Il y a eu beaucoup de remise en question négative. Mais maintenant j’essaie de la contrôler. Mais c’est cool que des personnes puissent se reconnaître dans certaines phrases que j’écris et c’est ça aussi l’avantage du français. Je peux toucher plus directement les gens qui sont susceptibles de se reconnaître dans mes textes. 

« Quand les gens font les choses par passion ça se voit..»

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