INTERVIEW – Tedax Max : « J’ai vu qu’il y avait quelque chose à faire dès le début »
Rédigé par Maxence
Après une année 2021 bien chargée avec 3 projets, Tedax Max a commencé l’année 2022 sur les chapeaux de roue avec un feat royal avec Infinit et le Prince Waly. Le 21 mai dernier au Flow à Lille, nous avons eu la chance de discuter avec le lyonnais sur son début de carrière, ses influences et ses futurs projets.
DANSLACIUDAD : Comment ça va Tedax ? Ça te fait quoi d’être à Lille aujourd’hui ?
Tedax Max : Ça va super, c’est super cool d’avoir été invité sur Lille. C’est une belle petite ville je suis content d’être là. C’est ma première scène ici donc j’espère que ça va bien se passer, mais il n’y a vraiment pas de raison que ça se passe mal en tout cas.
T’as réalisé une année 2021 incroyable avec 3 projets « Forme olympique » et plusieurs feats dont une dinguerie avec Infinit et Prince Waly. Quel bilan fais-tu de ton année 2021 et de ton début d’année 2022 ?
Comme tu l’as dit, super bilan pour l’année 2021. On arrive avec 3 projets qui ont été plutôt bien reçus et qui nous ont permis de faire parler de nous. Je suis super satisfait. On a eu que des bons retours, notamment de mes pères, des autres rappeurs, des médias, … ça nous a permis d’être un peu dans la lumière donc c’est cool. C’est une bonne année 2021.
J’aimerais revenir sur ce feat de cracheurs de feu avec Infinit et Prince Waly, la collab est incroyable. Comment la collaboration s’est faite ? C’était tes gars à la base ou pas du tout ?
Alors la collab’ s’est faite via 1863, ils m’ont proposé d’être dessus. Ils m’ont dit qu’il y avait plusieurs feats et ils m’ont proposé directement de collaborer avec eux. Je crois qu’ils avaient déjà vu avec Wally et Inf’, qui eux se connaissaient déjà un peu, puis moi ils m’ont connecté.
Moi, par rapport à mon statut, je ne pouvais pas refuser. C’est des mecs lourds que j’écoutais déjà, donc honoré de fou. Par rapport aux retours sur le son et comment il a été reçu, je ne peux qu’être satisfait.
Au-delà de tes projets, t’as fait pas mal de chose en parallèle : t’as eu droit à ton Colors, t’as eu droit également à ton propre Grûnt. Tu peux revenir sur ta connexion avec eux. Comment ça s’est fait ? Et surtout là-bas, comment ça s’est passé ?
Que ce soit Grünt ou Colors c’est un peu pareil que 1863. C’est eux qui sont venus à moi à chaque fois.
Pour Colors, ils m’ont envoyé un dm sur Insta pour me proposer, via un mec de leur équipe. Le Colors remonte un peu. C’était bien avant le middle season, le 2ème projet qu’on a sorti, donc c’était un moment où j’étais encore plus petit que là tu vois. En terme de nom ou de reconnaissance, j’étais beaucoup moins connu que maintenant, même si maintenant je gagne encore à me faire connaître, mais j’étais vraiment bien moins que ça donc c’était quelque chose que je ne pouvais pas refuser quoi.
Quelque chose comme Colors qui te sollicite pour passer sur leur chaîne t’accepte. C’est normal, surtout quand t’es un petit artiste comme moi et que tu vois tout le temps des gros artistes chez eux, des cainris, etc… Il n’y a que des gros noms, c’est pas n’importe quoi, c’est très sélectif et quali’ donc le fait qu’ils pensent à moi, qu’ils me mettent dedans et qu’ils m’aient trouvé déjà (c’est quelque chose que j’ai jamais compris), c’est lourd de ouf.
Après Grünt, c’est la même chose. Ils sont rentrés en contact avec nous. Après eux, c’est plus cohérent qu’ils connaissent mon nom que Colors parce que c’est autour du rap français. Puis Günt c’est quelque chose de très rap, où ça kick aussi, donc je pense que ça s’adresse à des mecs comme moi.
Ils ont vu qu’on était chaud, on a commencé avec une interview avec eux. On s’est présenté puis ils sont venus chez nous pour le freestyle. Grünt, c’était très lourd !
Petit moment nostalgie, c’est quoi tes premiers souvenirs de rap ? C’est quand que tu t’es dit « ouais là c’est fait pour moi » ?
En vrai je vais dire, sans prétention, dès mes premiers textes c’était bon. Après j’ai commencé à écrire et à faire du son tard, genre à 18 ans. Étant donné que je suis un bousillé de rap et que j’en écoute depuis tout petit, j’étais assez objectif. Si j’avais vu que j’étais vraiment claqué ou quoi que ce soit, je me serais dit « là laisse ça, c’est pas pour toi » tu vois… mais j’ai vu qu’il y avait quelque chose à faire dès le début.
Dans le quartier au début ça tournait, les gens ont tout de suite validé donc j’ai su. Je savais même pas d’où ça sortait finalement. Avant 18 ans j’avais jamais essayé d’écrire une rime, je kiffais juste la musique et c’est venu comme ça… Dès les premiers sons c’était quelque chose de bon.
On peut te considérer comme de l’école des gros kickeur, quand je t’écoute ça me fait penser à New-York à fond. Du coup, est-ce que tu te vois continuer ta carrière dans cet esprit ou tu aimerais davantage prendre d’autres axes avec un peu plus de mélo par exemple ?
Je pense que c’est ce qui va avec moi aussi. Tu sais moi j’écoute du son tout le temps, j’ai tout écouté. Je suis un gros mangeur de R&B, j’écoute vraiment de tout, des sons chantés, … Mais le rap c’est vraiment ma musique premières et j’ai toujours été attiré par le rap en soi.
J’ai grandi à l’époque où quand t’écoutais un album d’un rappeur, il faisait que rapper sur l’intégralité des sons quoi. C’est aujourd’hui, avec le temps, que les choses changent et qu’on attend d’un artiste qui soit un peu plus melo et tout. Alors moi j’ai rien contre, dans le premier forme olympique il y a des sons où je faisais un peu des refrains, des trucs… mais parce que je fais au feeling en fait tu vois. Je suis pas fermé à ça. Mais c’est vrai que Tedax, ça sera toujours du kick avant tout, il faudra plutôt s’attendre à ça majoritairement.
Du coup je rebondis sur ta réponse. Sur les 3 projets « Forme Olympique », je trouve qu’il y a un vrai fil conducteur, mais j’ai l’impression que c’est vraiment sur le dernier où tu t’es trouvé. Est-ce que tu t’es dit « ouais là c’est vraiment moi, c’est vraiment ce que t’as envie de donner au public » ?
Ouais carrément, le dernier c’est vraiment mes influences premières dans les sons. C’est vraiment les trucs par lesquels je suis le plus influencé. Tu vois le côté new-yorkais, East Coast, c’est vraiment mon univers c’est là où je kiff le plus et que j’écoute tout le temps. Dans le dernier, les gens l’ont ressenti tu vois. Quand il est sorti, j’ai pas eu besoin de le dire. Après peut être que c’est parce que c’est l’univers qui me correspond le plus, mais tout le reste c’est la même chose on mange de tout dans le rap.
Maintenant je vais revenir sur la construction de Forme Olympique. Est-ce que dès le départ t’avais une certaine ligne directrice ? Tu savais que tu voulais faire 3 parties et que tu voulais faire évoluer ton art vers ça ? Ou c’est quelque chose qui s’est fait sur le tas ?
Ça s’est décidé après le premier projet. Quand le premier projet sort il n’y a pas de ligne directrice. On sort parce qu’on a trop de sons, on veut pas s’encombrer à tout clipper et à sortir au compte goutte. On balance tout comme ça, sans vraiment de ligne directrice, à l’inverse du second et du dernier.
Après vu comment ça a été reçu dès la sortie, on s’est dit qu’on va partir sur un format où on va occuper toute l’année avec le projet Forme Olympique. Finalement c’était parfait. Le fait d’avoir sorti le premier projet le 1er janvier, ça nous laissait le temps de sortir le deuxième en milieu d’année, puis le troisième en fin d’année.
Comment tu vois ton statut de rappeur indépendant ? C’est quoi pour toi les limites de l’indépendance ?
Il peut y en avoir… Après pour moi, là où il y a une limite, c’est peut être que parfois t’as besoin d’une major ou d’une collab avec quelqu’un d’autre… C’est plus une question financière et de connexions. Mais un artiste indé n’en a pas besoin tant que ça, au fur et à mesure ça vient.
Ouais finalement, c’est plus une question de finance parce qu’au début quand t’es en indé, c’est sortir tout de ses poches de soi-même donc tout le monde n’a pas forcément les mêmes possibilités. L’inconvénient vient plus de là je pense, mais sinon en indépendant c’est la meilleure des choses. Je suis à l’aise parce que là des limites t’en as pas finalement. Tu fais comme tu veux, tu veux sortir là tu sors là, tu veux feater comme ça tu veux faire un son de cette couleur,… c’est toi qui choisi et ça c’est important pour moi de pouvoir faire comme je veux. C’est comme ça que je kiff quoi.
Justement sur ce format là t’as une vision 360, mais ce n’est pas trop galère de gérer certaines choses (marketing, les visuels,…) ?
Après on a une petite équipe quand même. Souvent je parle en « nous » parce que j’ai ma petite équipe derrière. On se gère entre nous, on apprend, on se délègue chaque chose et on arrive à s’en sortir, on se débrouille. On gagne encore à apprendre pleins de choses mais jusqu’à présent vu le résultat et ce que ça a apporté jusqu’à aujourd’hui, je pense qu’on s’est plutôt pas mal débrouillé, donc ça nous conforte dans l’idée de continuer.
Qu’est-ce que t’envisages pour la suite de l’année ?
Il va y avoir un projet qui arrive là. Je bosse du son et ça s’entasse petit à petit et je pense qu’après la rentrée il y aura un autre projet. Ça sera pas un format album, mais ça sera un projet plus consistant avec plus de collab. Dans les autres projets, il y a pas eu beaucoup de collab, à part Laws Babyface mais c’est la famille, sinon c’était juste moi. Là on s’est un peu plus ouvert, il y a des bonnes collab, des bons trucs à l’intérieur, ça va être cool.
Pour terminer, j’ai une dernière question : ce serait quoi ton featuring de rêve ?
C’est difficile, c’est une question où j’arriverai jamais à donner la même réponse en réalité… Je dirais Prodigy de Mobb Deep. Gros son, bien Mobb Deep, bien Queensbridge.
Merci Tedax !
Merci à toi la famille, ça fait super plaisir.
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