INTERVIEW – Gio : « Même si t’es dans un délire qui va pas plaire à tout le monde, fais le à fond et on verra »
Rédigé par Maxence
Mise en page par David D.
À l’occasion de la sortie de « KISS&FLY » en octobre dernier, on a renconté Gio pour discuter avec lui de son début de carrière, ses influences mais surtout de son excellent dernier projet.
DANSLACIUDAD : Tout d’abord, merci de nous accorder de ton temps. Comment ça va Gio ?
Gio : Ça va au max, content d’être là aujourd’hui !
Pour rentrer direct dans le vif du sujet, c’est quoi tes premiers souvenirs rap ?
La première fois j’ai écouté Chamillionaire, le son il s’appelait « Ridin’ ». Il passait sur MTV à l’ancienne, en 2006 je crois. J’ai pété mon crâne dessus depuis c’est resté mon premier son rap.
Comment t’as commencé le rap et c’est quoi tes influences ?
J’ai commencé dans une maison de quartier, une MJC, avec tous mes potes. Franchement tout le monde s’est mis à rapper. C’était un ancien rappeur de la ville qui gérait un atelier rap, il nous à bien matrixer. À cette époque j’écoutais que du boom-bap, c’était mes premiers textes tu vois, ça voulait rien dire.
En terme d’influence, j’écoutais en balle Guizmo et Youssoupha à l’époque.
À quel moment tu t’es dit que c’était le moment de tout plaquer pour te lancer dans la musique à 100% ?
Pour être franc avec toi, je suis pas encore à 100%. Je suis encore étudiant, mais je donne de mon max partout tu vois.
Du coup je rebondis, c’est pas trop compliqué de gérer le rap et les études en même temps ?
De fou, mais bon tu connais on fait ça pour la daronne. On donne le max !
Avant de revenir sur ton nouveau projet sorti mi-octobre, j’aimerai revenir sur ce que t’as fait ces dernières années. T’as sorti plusieurs singles et un premier projet en 2018 sous le nom de Gio Dallas.
Quel bilan/quelles leçons t’as pu tiré de ce que t’as sorti à l’époque ?
En fait, c’est plus des bilans par étape. À chaque fois que je sortais un nouveau truc je me rendais compte qu’il y avait quelque chose à ajouter ou à améliorer. Une fois, il fallait améliorer le texte de cette façon, une autre fois c’était plus la voix, comment la poser. Celle d’après, c’était plus la direction artistique, d’ailleurs il y a deux ans je savais même pas ce que ça voulait dire « avoir une direction artistique ».
C’est des étapes qui viennent au fur et à mesure. En fait tu peux pas devenir un artiste complet d’un coup. C’est nécessaire parfois de passer par ces étapes-là si t’as pas une équipe ou une personne déjà dans le game depuis un moment qui t’accompagne. Ça te permet de te rendre compte qu’il y a toujours une évolution et une brique qui s’ajoute à ta maison à chaque fois.
T’es obligé de tenter des choses, de tomber, de faire des erreurs pour au final engranger de l’expérience et arriver à vraiment ce que t’as envie de délivrer.
Finalement, il faut toujours tout faire à fond. Même si t’es dans un délire qui va pas plaire à tout le monde, fais le à fond et on verra.
D’ailleurs t’as changé de nom, t’es passé de « Gio Dallas » à « Gio ». Pourquoi ce changement ? Est-ce que c’était pour marquer une sorte de passage, avant tu t’essayais sur différents styles et désormais tu t’es trouvé artistiquement ?
C’est un peu tout ça. Après, c’est principalement parce que le « Dallas » me plaisait plus. C’était un résidu de quand j’ai commencé à rapper dans la maison de quartier.
J’aimais plus, ça faisait un moment que je le trainais comme un boulet. En début d’année, je me suis dit que c’était fini, plus aucun son ne sortirait sur « Gio Dallas ». C’était aussi pour montrer qu’un nouveau Gio arrive et ça a fait son effet.
Surtout que c’était un blaz composé en deux mots donc assez retirable. Quand je l’ai enlevé, ça a déboussolé personne, les gens m’appelaient déjà comme ça de base.
Maintenant pour parler « KISS&FLY » sorti mi-octobre, un 5 titres au format EP.
Déjà pourquoi avoir choisi un format court alors qu’avant t’as déjà fait des formats plus longs ?
Tout simplement parce que je pense avoir tout dit par rapport aux émotions que j’avais besoin d’extérioriser à ce moment là. C’était une sorte de tableau de mes émotions et le tableau n’était pas plus grand.
Musicalement parlant, je l’ai exploité exactement comme je l’avais en tête. Je suis allé là où je voulais aller à ce moment là, avec ce style et ce délire là.
C’était aussi parce que c’est trop stylé un EP. Tu prends tes 5 meilleurs titres, tu vas pas mettre 1 ou 2 autres titres juste parce qu’ils collent à la DA. Ici, il y a que les bangers.
Est-ce que c’était le format qu’il te fallait pour expérimenter le format « projet conceptuel » ?
C’est vrai que c’était la première fois que je faisais un truc qui allait autant dans le même sens. J’avais déjà fait un peu ça à l’ancienne mais ça n’avait pas un but précis, alors que là « Kiss & Fly » il avait un but assez précis.
D’ailleurs pourquoi être parti sur ce concept 1 son = 1 ville ?
C’est des villes dans lesquelles j’ai voyagé récemment. Des villes que j’ai trop kiffé et où j’ai eu pas mal d’inspi sur place.
C’est venu tout seul en plus. Je voyage beaucoup, surtout l’été. Même si le projet n’est pas sorti en été, je me suis dit que ça allait faire voyager les gens.
Je ressens une vraie évolution sur ce projet, comme si tout était plus juste, plus cohérent, plus limpide,… Là où tes précédents projets pouvaient être éclectiques, ici tu suis une vraie ligne directrice de bout en bout.
Tu as travaillé le projet différemment comparé aux précédents ? Comment t’as travaillé ce projet ?
Le premier son c’était Roma, je l’ai fait en juillet et ça a vraiment lancé l’EP. Depuis le début d’année,j’ai fait pleins de sons mais sans forcément les ancrés dans un projet.
À partir de Roma je savais. « Kiss&Fly » j’avais déjà ce nom en tête, je me suis dit « ok c’est bon ça va partir là-dessus ». Ça s’est assez vite assemblé, j’ai eu tout le concept direct en tête.
Après j’ai fait le projet accompagné de mes proches avec qui je fais du son tout le temps. Ils ont presque été là tout le long. Même si je me suis enregistré seul, ils étaient là derrière à me conseiller. Contrairement à 2000 où j’étais bien solo dans ma chambre pendant le confinement.
En fait, quand je fais des sons, j’ai 2/3 personne crash-test. Genre tu vois j’ai ma soeur, je lui fais écouter mes sons dans la voiture, si je vois qu’après 1min30 elle est sur son téléphone, c’est qu’il y a un truc qui va pas. Elle va pas me dire que le son est nul mais je vais capter direct.
Tu parles principalement d’une relation entre un homme et une femme. Pourquoi cette thématique en particulier ?
Tout simplement parce que c’est inspirant de ouf et tout le monde s’y reconnait. C’est universel, c’est précis sans être précis. J’aime bien rapper ma life, ce qui m’inspire et ce qui a autour de moi à ce moment-là.
J’ai l’impression que t’as essayé d’exprimer une émotion différente pour chaque destination. Comment tu as travaillé la D.A du projet ?
Chaque morceau avait déjà son émotion propre. Au final, il suffisait juste de les mettre dans le bon ordre pour raconter la petite histoire et aussi d’ajuster quelques paroles pour qu’on comprenne.
Le premier c’est plus l’amour obsessionnel, le deuxième c’est plus « on va flex ensemble », le troisième il y a un truc qui va pas vraiment quelque part, le quatrième c’est « on va quand même s’envoler ensemble » et le cinquième c’est « on redescend les pieds sur terre ».
Il faut bien suivre le truc. Après, je me suis pas mis des objectifs très précis pour chaque morceau mais finalement c’est ce qui en est ressortir, donc tant mieux.
Ça fait bientôt 1 mois que le projet est sorti, tu es content des retours ?
Je suis super content des retours que j’ai pour l’instant. Je reçois pleins d’amours, c’est incroyable !
Maintenant c’est quoi la suite pour toi ? Tu vas défendre ton projet sur scène ?
Ouais j’espère on va pouvoir le défendre sur scène un peu, mais également sur les réseaux.
C’est quoi ton morceau préféré de ta discographie ?
C’est une question difficile… Il y a « SOS » qui est important, c’est un morceau de mon projet 2000.
Ensuite, en 2019 j’ai fait un morceau qui s’appelle « Morceau noir » qui était ultra important pour moi à cette époque.
Là actuellement c’est « Roma », peut être pas mon préféré en terme de musique, mais ce qu’il m’a apporté c’était important. C’était le morceau déclic.
Pour terminer, j’ai une dernière question : ce serait quoi ton featuring de rêve ?
Ça serait Sfera Ebbasta, sans hésitation, direct, cash !
Merci Gio !
Merci à toi, c’était cool !
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