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À l’occasion de la sortie de son nouvel EP « Soulgaze ». Sortie le 2 février 2024.
Rédigé et travaillé avec Eline H.
DANSLACIUDAD : Comment vas-tu à quelques jours de la sortie de ton nouveau projet ?
ZAKY : Ça va, je me sens assez bien. Je n’ai pas forcément de pression, c’est les habitudes on continue le marathon.
Peux-tu te présenter pour commencer ?
Moi c’est Zaky. Originaire du 9.1. Je ne peux pas dire que je fais du rap, je fais plus de la musique. Je me laisse porter par plusieurs sonorités. Un gars assez cool, assez friendly, sans pression.
Pourquoi tu précises que tu fais de la musique et pas du rap ?
Parce que j’aime bien chanter aussi. Pour moi, dès que tu pars dans le chant avec des rythmiques un peu pop, tu peux plus dire que t’es un rappeur. T’es plus un artiste, tu fais de la musique.
Zaky c’est ton prénom ?
C’est un diminutif, je m’appelle Zakary. Ce que je propose c’est assez personnel, du coup autant que les gens sachent directement qui je suis.
C’est quoi ton parcours ? T’as commencé la musique à quel âge ?
J’ai commencé à écrire mes premiers textes vers mes 14 ans. Puis j’ai été au studio à 18 ans. Mais j’ai commencé les choses sérieusement il y a 2 ou 3 ans.
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Quelles sont tes influences aujourd’hui ? Qu’est-ce qui t’inspire autour de toi ?
Ce qui m’influence actuellement c’est moi, ma propre vie, mon entourage. Quand j’écoute mes sons j’ai l’impression de me parler à moi-même. C’est comme une psychanalyse, c’est très personnel. Après musicalement, aujourd’hui je n’écoute plus trop de son. Mais quand j’étais petit, c’était toute la scène américaine qui m’a donné envie de faire du son : Lil Durk, Chief Keef, Young Thug, Future. L’énergie que je voyais dans les clips ou même l’énergie entre les gars c’est ce que je vivais au quotidien, c’est ce qui me ressemblait
Est-ce que tu as une proximité avec d’autres artistes actuels ?
J’ai une proximité avec un tas d’artistes. Comme je disais juste avant, je suis quelqu’un de friendly, j’ai besoin de connecter avec les gens. Quand je rencontre un artiste c’est comme si je rencontrais un collègue de travail, je suis obligé de converser. C’est important de voir l’opinion et la vision de chacun, sinon la musique qu’on va faire elle aura moins de fond.
En général c’est quoi ton processus de création ? Tu pars de quoi ?
Souvent je pars de rien. Je vais au studio sans savoir ce que je vais faire. Le feeling c’est la base de ma création. Je n’ai pas vraiment de méthodologie de travail, c’est vraiment au feeling.
Tu as quand même un objectif à travers ta musique ? Un message à faire passer ? Ou ça aussi c’est au feeling ?
De base j’ai fait de la musique pour que les gens sachent qu’on peut arriver à être libre et à faire son trou sans forcément rentrer dans des codes et dans des cases. Le premier message de mes sons c’est la liberté pour que les gens se sentent libres en écoutant mes sons et qu’ils se décomplexent avec leurs problèmes. C’est la raison pour laquelle dans mes sons, il y a des choses que tu n’entends pas forcément ailleurs.
Le deuxième message c’est vraiment l’humilité, pas trop d’ego-trip, essayer d’éduquer les enfants au mieux. En soi, aujourd’hui ce sont les mineurs qui écoutent le plus la scène rap. Le but est qu’ils écoutent des paroles assez saines dans le message et dans le sens.
Tu définis ta musique comme ayant un ADN trap distinctif, justement qu’est-ce qui te distingue de la trap originelle ?
C’est assez cloud mais tu vas entendre des sonorités trap dans la prod même dans les placements mais en soi la mélodie derrière fait beaucoup moins trap. Mes toplines sont beaucoup moins trap. On peut vraiment qualifier ma musique de trap cloud, trap mélodieux. C’est assez distinct.
« Si quelqu’un va dans un sens, j’aime aller dans l’autre. J’ai envie de me distinguer musicalement, ça c’est sûr. »
Pourquoi cette volonté de se distinguer ?
Moi dans la vie, de tous les jours, j’aime me distinguer. Si quelqu’un va dans un sens, j’aime aller dans l’autre. J’ai envie de me distinguer musicalement, ça c’est sûr. Aujourd’hui tout le monde fait de la musique, on est obligé de se distinguer d’une manière. Moi, j’aime chanter et rapper, et j’aime le mélange des deux. Musicalement j’ai dû mal à me comparer dans la vision.
Quelle place occupe la musique dans ta vie aujourd’hui ?
Elle est omniprésente dans mon quotidien, il n’y a pas un jour où je m’arrête.
« Soulgaze ». Sortie le 2 février 2024.
Peux-tu nous dire pourquoi avoir été si discret jusqu’ici, tu as fait très peu d’apparitions dans les médias, aucune interview de toi ?
Parce que j’ai démarché personne et j’ai refusé ceux qui m’ont démarché. Je suis quelqu’un qui vit au jour le jour, autrement dit, je n’aime pas trop prévoir.
Aussi, j’étais beaucoup dans le rush, dans ma musique, c’est que récemment qu’un pote m’aide dans mon projet et me manage.
Avant ça, j’étais toujours accompagné de PushK et Gio qui sont beatmakers et ingés, on a tout fait ensemble. À la base c’est mes potes, et c’est avec eux que j’ai commencé la musique.
Pourquoi une interview pour ce projet en particulier ?
Ce projet est le plus personnel que j’ai fait jusqu’à aujourd’hui. Je suis un peu plus rentré dans les détails de mes émotions. C’est un projet assez introspectif donc il y avait besoin d’en parler je pense. Il faut que les gens voient qui je suis un peu plus en détail.
Pourquoi avoir signé chez Rec118 ? Comment fonctionnais-tu avant ta signature ?
Dans ma méthodologie de travail, je suis toujours sur les mêmes rails, je suis toujours
décisionnaire à 100% de ce que je fais. Je me sens toujours en indépendance. Ce qui
change aussi c’est le conseil et l’appui de professionnels alors qu’avant j’avais des conseils de collègues.
Tu es chez Rec118 mais tu as aussi ton propre label ?
C’est bien ça, je suis à la tête de mon propre label qui est signé chez Rec118. Je me produis moi-même et mon petit-frère, OG Chris José, avec qui j’ai sorti mes deux premiers projets.
Tu as dit que tu avais plusieurs casquettes, lesquelles ?
Je suis rappeur, je suis mon propre DA, je vais être mon propre média à certains moments, j’ai été mon propre manager jusqu’à récemment, mon propre éditeur. Bref, tout ce qui englobe la musique. Je fais tout de A à Z sauf le beatmaking, l’enregistrement, le mix. Même les clips, je suis quasiment à la réal de tous mes clips. Mon prochain clip, c’est moi qui le réalise tout seul aussi. Naturellement, je suis quelqu’un de polyvalent, d’assez curieux et j’ai été éduqué de façon à savoir m’adapter. Qui dit s’adapter, dit avoir plusieurs casquettes. Aujourd’hui si tu ne sais pas t’adapter, tu es voué à l’échec.
Pourquoi ce titre “Soulgaze”, qui signifie littéralement “le regard de l’âme” ?
Ce projet, il est introspectif. Je parle beaucoup de mes émotions, de comment mon passé m’a construit, où j’en suis actuellement, et pour moi “le regard de l’âme” c’est ça. Avec cet EP j’ai vu qui j’étais.
C’est comme une façon de te reconnecter avec toi-même ? De revenir aux fondamentaux ?
Exactement ! Surtout un retour aux fondamentaux dans la façon dont je vois les choses dans la musique. Dans mes précédents projets, je pouvais parler à la troisième personne et donner des conseils. Dans cet EP je parle principalement de moi, de ma vie.
Tu as sorti beaucoup de projets avant Soulgaze, pourquoi avoir décidé de te dévoiler maintenant ?
Je n’ai pas décidé. Quand je vais au studio je ne prévois rien. Dans le projet, il y a 7 titres et ce sont les 7 derniers titres que j’ai fait. C’est mon mode de fonctionnement, je fais de la musique et ensuite j’en fait un bilan. Et là, après avoir écouté les morceaux, j’ai eu l’impression de me voir comme dans un miroir et de lire mes défauts et mes qualités comme dans un livre. C’est un EP poignant.
Sur l’ensemble du projet on a le sentiment que tu as une certaine vision imparfaite du monde, et d’ailleurs dans le titre “Elément” tu répètes plusieurs fois “ici sur terre, je ne suis pas dans mon élément”. Pourquoi une telle vision ?
Que ce soit dans mes expériences de vie ou de ce que je peux voir autour de moi, la famille ou professionnellement parlant, il y a beaucoup d’énergies négatives, de choses qui sont malsaines.
Dans le titre “Amen”, tu dis “je ne suis plus le même qu’au départ, mes rêves ont pris fin”. Est-ce que le fait que tes rêves aient pris fin a joué sur cette vision du monde que tu as ?
Quand je dis que mes rêves ont pris fin, c’est dans le sens où j’en ai accomplis certains et que je dois en trouver d’autres, ou même en oublier. Parce que parfois t’aimerais que tout se passe bien, comme dans un film, mais c’est souvent mieux d’oublier certains rêves pour en réussir d’autres.
Dans “Semblant”, tu dis “il faut les clés si tu veux survivre dans ce monde”, c’est quoi tes clés ? Tu nous parlais de l’adaptation tout à l’heure, ça en fait partie ?
C’est la première des clés. Pour survivre dans ce monde il faut savoir s’adapter dans toutes les situations, surtout celles qu’on n’a pas choisies. Etant un enfant métissé, père français et mère camerounaise, j’ai vécu avec une double culture et il faut s’adapter. C’est donc ma première clé. Les autres clés sont de savoir se remettre en question au quotidien et ne pas faire les mauvais choix.
On remarque que les instrus dans le projet sont très cloud et planantes, ce qui vient équilibrer le côté sombre et mélancolique de tes lyrics. Est-ce que c’est un choix calculé de ta part ?
Pas vraiment. Comme je disais, quand je vais au studio rien n’est calculé donc les prods on les sélectionne sur place. Et avec le recul, dès qu’il y a des sonorités comme ça je me sens obligé de contrebalancer. On en revient donc au fait que j’ai besoin de casser cette illusion, il ne faut pas que ce soit trop beau et que ça aille dans le même sens.
Pourquoi cette volonté d’équilibrer ? Quitte à être mélancolique, pourquoi ne pas pousser le truc jusqu’au bout ?
Parce que j’ai des enfants et ils écoutent mes sons. Et flemme qu’ils deviennent dépressifs à cause de moi (rires).
« j’ai besoin de casser cette illusion, il ne faut pas que ce soit trop beau et que ça aille dans le même sens. »
Il y a un feat dans cet EP avec YUNG POOR ALO, comment s’est passé la connexion ?
YUNG POOR ALO c’est le reuf. On s’est connu via So La Lune et aussi via les réseaux, parce qu’entres artistes on s’est déjà tous vus sur des tournages de clip. Je sais pas pourquoi on a fait un son ce jour là, mais on s’est dit “depuis le temps qu’on se connaît, autant qu’on fasse un track”.
Quel est ton morceau préféré dans ce projet ?
Franchement j’aime bien “Miroir”, surtout pour la prod et l’énergie que j’ai envoyé dessus. J’ai été honnête avec moi-même dans ce son.
Est-ce que “Miroir” est aussi le morceau que tu as préféré réaliser ?
J’ai du plaisir à réaliser tous mes sons en général. Au studio je prends tout mon temps pour être sûr de prendre du plaisir et de sortir quelque chose de bien.
Que souhaites-tu que l’on retienne de “Soulgaze” ?
Ce qu’il faut retenir c’est que j’en ai pas fini avec vous (rires). Je vais être encore là, sur les ondes, à raconter ma vision des choses. Je n’ai pas vraiment de message pour ce projet en particulier, j’ai plutôt un message global et c’est la raison pour laquelle je suis régulier dans mes sorties. Mais si je devais choisir un message à vif pour “Soulgaze”, ce serait de ne pas avoir peur de ses émotions, de ses ressentis et du regard des autres.
Tu prévois de sortir un autre projet cette année ?
Juste après carrément. Je n’aime pas rester dans mon coin, avec mes sons dans mon téléphone à les écouter tout seul. Je trouve que ça n’a pas d’âme.
Tu as récemment dévoilé le visuel de “Element”, il y a d’autres clip de prévu pour cet EP ?
Je pense que je vais en sortir encore deux. Il y a le clip de “Semblant” qui va sortir la veille de la sortie et que j’ai réalisé moi-même. Après je pense que je vais clipper “Speed” pour garder ce côté Trap qui me définit aussi.
Tu as des dates de concert de prévues ?
C’est en pourparlers, on organise tout ça pour recevoir mes auditeurs au mieux et leur faire vivre une expérience la plus jouissive possible. Mais je suis pressé, je n’ai jamais fait de concert solo encore. .
Tu appréhendes ce premier concert solo ?
Non franchement depuis la première partie de So La Lune à l’Olympia, tout ce qui va suivre, tant que ce n’est pas l’Olympia, ça va être tranquille. En vrai je kiffe être au plus prêt des gens. Je suis un gars assez cool et souriant, et c’est peut être pour ça que je fais des sons aussi tristes en général. Au quotidien j’essaie trop de cacher mes émotions, donc quand il faut commencer à mettre des mots sur ce que je ressens au micro, je pense que je recrache directement tout ce que je cache.
Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter Zaky pour l’avenir ?
La réussite surtout. Que je mette bien mes enfants et le reste on verra après.
Merci pour ton temps et ton honnêteté. C’était vraiment cool !
Merci à vous. Première interview ça fait plaisir.
2ème photo : ©carlylean_
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