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« GODJENG, c’est mon mot. C’est un bon petit mot pour commencer les hostilités »
Venu tout droit de Malakoff dans le 92, Laskiiz débarque dans le game avec une énergie incisive et sombre.
Le 17 mai dernier, le rappeur dévoile son premier projet GODJENG. À l’occasion de la sortie du projet, DansLaCuidad est partie à la rencontre du rappeur au flow novateur.
Rédigée par FATOU Y. / Mise en page par DAVID D. / Photos de presse réalisées par un membre de la Casa Contry Club qui est co-producteur du projet de Laskiiz.
DansLaCiudad : Pourrais-tu te présenter pour ceux qui ne te connaîtraient pas ?
Laskiiz : Moi c’est Laskiz, rappeur du 92. Et je fais du son depuis mes 14-15 ans.
Tu commences à sortir des sons en 2014, qu’est-ce qui t’a poussé à faire du rap ?
Parce que j’ai un oncle qui a un studio. Quand j’étais petit, j’écoutais beaucoup de la musique sur MTV. Des rappeurs comme Waka Flocka, tout ça. Et l’énergie qu’il donnait, ça m’a donné envie de rapper. C’est-à-dire que j’étais déjà proche des mecs qui font du son quand j’étais petit, donc j’ai voulu essayer en vrai. À force, j’entendais des paroles de rap, je me suis dit, il faut que j’essaie un jour d’aller dans le micro.
Tu avais commencé à rapper avec ton entourage au tout début, où ça continue toujours jusqu’à présent ?
En vrai, moi, j’ai pas commencé à rapper en groupe. J’ai toujours rappé tout seul. Et après, j’ai rencontré un mec, qui connaissait d’autres rappeurs aussi forts, il nous a connectés, on a fait un petit groupe, BATARA GANG. Et après, on a grandi, on s’est remis à rapper solo. Mais, on est toujours connectés. Et j’ai des frérots de chez moi aussi, qui rappent, Chino et Belly, on a créé la MDB. C’est un petit collectif avec tous les jeunes un peu de chez moi, Malakoff. MDB, c’est plutôt familial. Et BATARA GANG, c’est plutôt un groupe d’amis.
« Ce que je vis ce rapproche plus de la trap que du zouk, tu vois (rire). »
Mais du coup, qu’est-ce qui as fait que tu as choisi la trap ?
Franchement, c’est par rapport à ce que j’écoute en vrai. Mon entourage. Et ce qui me plaît en vrai. Ce que je vis ce rapproche plus de la trap que du zouk, tu vois (rire).
D’ailleurs ton style nous renvoie beaucoup à ce que proposent les trappeurs américains, regardes-tu ce qui se passe là-bas ? Et quelles sont tes inspirations ?
Ouais, beaucoup, beaucoup. C’est la base de mon inspiration. Après, j’ai des noms, comme Famous Dex, comme je t’ai dit avant Waka Flocka. Twista, pour sa vitesse. Après, les rappeurs américains sont assez fous quand même par rapport à ici, en France. Ils sont moins timides et j’aime beaucoup ça.
De la trap, on en a énormément dans le paysage du rap français, comment as-tu fait pour te démarquer au mieux de ce qui se faisait déjà ?
Déjà, j’ai du mal à copier, même si un rappeur va se rapprocher un peu de mon style, je vais tout faire pour changer ça et faire quelque chose qui n’y ressemble pas. C’est peut-être mon côté perfectionniste mais, j’aime beaucoup amener des délires, créer des choses. Je déteste être comme les gens de base.
Après, c’est vrai qu’il y a des styles qui se ressemblent un peu. On fait un peu la même chose dans la trap, mais j’aime bien apporter quelque chose de nouveau.
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« Mais moi, ce que je préfère, c’est le côté sombre, en vrai. »
Dans tes textes, tu as toujours ces paroles très crues qui nous percutent tout de suite, pour toi est-ce une manière de pouvoir mieux exprimer ton vécu etc. ?
Entre autres, oui. Vu que je raconte ce que je fais, ce que je vis ou ce qu’il y a autour de moi. C’est-à-dire que c’est plus facile de parler sur de la trap. Après, c’est par rapport à ma direction artistique, mon style. Moi, j’aime bien tout ce qui est sombre et tout mais j’écoute pas que ça, genre. J’écoute beaucoup de musique africaine, de gens qui chantent et tout. Mais moi, ce que je préfère, c’est le côté sombre, en vrai.
…je préfère prendre mon temps de ouf plutôt que de me précipiter.
T’écris plutôt vite, tes textes ?
Ça dépend vraiment de la prod. En fait, j’ai trop de façons d’écrire. Je trouve qu’écrire dehors, à la maison, dans une voiture la nuit, c’est différent.
Écrire même en cabine, c’est différent. Quand je suis au studio, y a la cabine et y a l’autre côté de de la cabine. J’écris mieux en dehors de la cabine. Et dans la cabine, j’ai plus de flow et de créativité.
Mais après, quand je reste trop dans la cabine, j’ai l’impression de devenir claustrophobe. Je préfère ressortir un peu, fumer un peu, prendre l’air et reprendre. Mais sinon, je peux écrire en trois jours comme je peux me poser juste une à trois heures dessus, écrire un peu, et reprendre le lendemain à la même heure qu’où j’ai écrit la veille. Je sais pas, c’est des questions de mood en vrai.
J’aime pas me forcer, je préfère prendre mon temps de ouf plutôt que de me précipiter. Je fais ce qui est mieux pour moi, pas à la vitesse pour plaire. Je préfère me casser un peu la tête.
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Finalement, la musique c’est vraiment ce qui te porte ?
Ouais de ouf ! Franchement, quand tu rappes pour l’argent et quand tu rappes parce que t’aimes, c’est vraiment différent. Quand t’aimes ce que tu fais, même si tu rappes quand même pour de l’argent, tu penses juste à rapper, tu penses à moins de trucs. Quand on va te dire que t’es fort, pour ma part on me le disait, moi je remarquais même pas, je kiffais juste, j’avais le sourire, je rappais. Mais ouais, la passion avant tout.
Dans tes sons, est-ce que tu parles aux gens du 92 ?
Ouais, bien sûr ! Le 92 et tout le monde aussi.
T’as jamais eu envie de tester un autre style ?
Ouais, j’ai essayé comme dans le projet, j’ai fait des petits sons un peu plus doux.
En vrai, si c’était moi, j’aurais pas du tout mis ses sons maintenant. J’aurais pu attendre 2-3 ans pour monter cette façade-là plus tard.
D’ailleurs comment choisis-tu les prods sur lesquelles tu poses ?
J’avoue, en ce qui concerne les prods, je suis vraiment relou. Ça veut dire, j’ai commencé avec YouTube comme tout le monde. Mais c’est vraiment par rapport aux sonorités, les percussions. Comme mon père, il fait de la percussion, ça veut dire, au niveau prod, je suis archi relou. J’aime pas les rythmiques standards, même si ça se ressemble toujours un peu. J’aime bien quand il y a toujours un petit détail qui sort un peu du lot. Après j’aime bien les mélos un peu sombres.
« …Mais c’est des trucs que je préfère garder secret… »
T’as jamais voulu faire quelque chose de plus lumineux ?
Si carrément, à part quand il y a des petites mélos. Mais c’est des trucs que je préfère garder secret, pour la suite, tout ça.
Mais après, avec l’entourage, des fois, j’envoie des petits sons un peu en pétard.
Ça fait longtemps que tu rappes, tu n’avais sorti que des singles jusqu’à présent, pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour sortir ton premier projet ?
J’avoue, c’était pas trop mon délire, je suis pas trop un rappeur à projets. Genre, je rappais juste pour m’amuser de base. Je voulais juste envoyer des singles. Mais là, ça permet d’être un rappeur plus sérieux. Parce qu’il y a des rappeurs, ils n’ont même pas fait autant de vues que moi, mais ils ont déjà des projets.
Moi, pour ma part, je vois des projets, je me dis « ah ouais, il est vraiment sérieux quand même ». Et je pense que c’est pareil pour tout le monde. Faire un projet, tu vois, c’est pas facile.
Donc, ça montre que t’as de la rigueur.
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Ce premier projet est en coproduction avec la Casa Country Club, comment s’est faite la connexion avec eux ?
Grâce à 8ruki. On a été connectés et lui, il venait souvent ici. Il nous a fait le branchement, on a fait un son avec le frérot Tibab. Et de là, on s’est bien entendu avec les frérots, donc on est toujours ici. On fait de la bonne musique. Il y a des bons petits rappeurs ici.
Comment s’est passée la conception du projet ?
On s’est vraiment creusé la tête sur la sélection des sons. Le fait d’avoir fait un EP et pas d’avoir renvoyé les singles comme avant, on a vraiment donné une suite où il y a une vraie ligne directrice où chaque sons ne sont pas choisis au hasard.
On a pu retranscrire un univers qu’on retrouve sur la cover, dans la sélection, dans l’ordre des sons. Je vais pas te mentir, la DA (direction artistique), elle s’est faite vraiment au cours du projet.
C’est l’intuition, j’aime pas prévoir, genre, j’ai l’impression ça va être faux. J’avais déjà un peu la forme, dans ma tête. Je savais déjà à quoi ça ressemblerait, mais j’avais pas vraiment les sons.
Je savais que je voulais des sons énergétiques, des sons chantés, je voulais des styles différents, différentes couleurs. Après, j’ai pas fait 15 sons, j’ai dû en faire 9 ou 10 alors que de bases les gens ils en font plus pour choisir.
«…c’est comme si je venais juste serrer la main de quelqu’un, dire bonjour,…»
T’as mis du temps à concevoir ce projet ?
Franchement, je pourrais pas te dire, mais un peu quand même, hein. Mais pas un an. Je l’ai commencé il y a 4 mois, je crois. Et c’était pas tous les jours, il y avait des moment où je faisais des sons un jour par semaine.
Après, pour moi, c’est un EP, c’est pas un album, comme les gens disent, rien à voir. Un album, ça se voit, les gens, ils ont beaucoup d’attentes. Là, franchement, c’est comme si je venais juste serrer la main de quelqu’un, dire bonjour, un petit coup de pouce au loin. Je commence vraiment doucement.
Tu as choisi de venir avec ce projet, GODJENG, qu’est-ce que cela signifie ?
GODJENG, c’est mon mot, tu vois, je ne vais pas trop en dire.
Les gens me connaissent un peu avec ça. C’est un bon petit mot pour commencer les hostilités. C’est comme un cri de guerre, on va dire.
Un bon cri de guerre pour commencer.
Qu’est-ce que tu voulais le plus mettre en avant dans ce projet et que représente-t-il pour toi ?
Franchement je ne voulais pas trop me prendre la tête, mais je voulais quand même que ça fasse l’effet que je veux. Mais, franchement la trap. Vu que je fais partie des mecs qui ont vraiment ramener ça ici.
Moi, de base, même sur de la trap, je drill.
Parce que je parle vite, je rappe vite et j’écoute des gens qui rappent vite. Ça veut dire que je n’arrive pas à faire de la trap en mode saccadé. C’est aussi parce que je ne voulais pas faire de la drill sur de la drill en vrai. Je voulais aussi ramener aussi le petit côté sombre et mon petit côté un peu crazy.
Sur ces 8 titres, tu nous offres 3 feats mémorables avec Ashe22, Gapman et Dafliky, peux-tu nous parler de la connexion avec ces trois artistes ?
Ashe22, c’est quelqu’un avec qui j’avais déjà bossé, on s’entend bien de ouf.
J’aimais bien son style avant de le connaître. Ça s’est fait normal. Et les zink, Gapman et Dafliky, c’est des mecs qui font du bon travail. J’aime bien ce qu’ils font. C’est un peu dans le même monde, ça va ensemble.
Et je me dis, pourquoi pas ramener, sans parler de génération, des gens assez nouveaux et des gens assez installés. Même si je connais beaucoup de gens installés. C’était pas par rapport au niveau des personnes, c’était vraiment par rapport au style musical et ce que je voulais. Ashe22, il ramenait vraiment un côté, vraiment sombre comme j’aime bien. Et les autres frérots, le côté américain, j’aime bien. C’est vraiment ce dont j’avais besoin ; Les connexions humaines aussi, c’était aussi important.
Tu as enregistré tout le projet à la Casa Country Club ?
Ouais ! À part le son Foudre, c’était un son qui datait mais je pouvais le mettre dans l’EP. Parce que je me dis que le son est assez lourd. Même s’il avait 10 ans, je l’aurais mis. Et le featuring avec Daflity, je l’ai pas posé ici. Il avait une session où il m’a invité.
Au final, le son, je lui ai demandé si je pouvais le garder pour le projet et ça me faisait plaisir aussi de le mettre.
Y a-t-il des artistes avec qui tu aimerais collaborer dans le futur ?
Ouais, bien sûr. 1Pliké140, SDM, Kima, Famous Dex et Green Montana en vrai, je vais pas trop en dire (rire).
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Comment envisages-tu la suite de ta carrière après la sortie de ce projet ?
La suite, franchement faire toujours mieux. Essayer d’apporter un truc dans ce rap.
Un album pourrait-il arriver un jour ?
Ouais, dans ma vie je pourrais faire un album en pétard ! Je rentre dans un nouveau stade où je commence à apprendre le rap autrement.
J’ai pas envie d’être pris pour l’ancien Laskiiz, parce qu’avant, je m’amusais vraiment, je m’en foutais trop du rap, je kiffé juste le délire.
Je voulais vraiment donner au public, c’est-à-dire que c’était vraiment que single, single dans ma tête.
Mais là, on va y aller step by step, parce que je me dis que je peux pas tout envoyer d’un coup.
Tranquille, on va avancer ensemble, on va faire les choses pas à pas.
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Un dernier mot pour la fin ?
Allez streamer GODJENG, allez streamer le projet, j’ai enfin fait mon projet, donc, vous pouvez plus dire que je dors, c’est carré dans l’axe (rire).
C’est que le début. Et vraiment, c’est un EP, c’est pas un album, tranquille avec moi, les gars (rire). Ne vous inquiétez pas, quand je vais vous envoyer des mixtapes et des albums, vous allez le sentir (rire).
C’est avec une aisance folle que Laskiiz offre au public ce premier projet dévoilant avec brio son style. Ne mettant aucune barrière à son art, le rappeur promet d’envoyer du lourd.
Le projet GODJENG est actuellement disponible sur toutes les plateformes de streaming, une belle carte de visite pour découvrir l’univers du rappeur.
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