Rédigé par Cathou Phi. / Mise en page par David D./ 16 mn de lecture

– C’est un dimanche matin d’hiver, un de ces jours où tout semble ralentir, où tu t’accordes enfin le luxe de faire de même. Les volets sont encore clos, mais laissent filtrer une lumière pâle et peu diffusée. Le silence règne, comme si le monde entier attendait ton réveil pour s’animer.

– Tu restes blotti(e) dans la douceur de tes draps, ton téléphone ou une petite enceinte à portée de main. Tu lances le nouvel album d’Enchantée Julia, et les premières notes de ONZE envahissent doucement la pièce. Sa voix envoûtante te berce, te sors lentement de ton sommeil sans précipitation.

– Tu te lèves enfin, ouvre une fenêtre, toujours avec les titres de l’album qui défilent en fond sonore. Une bouffée d’air glacée entre, te rappelant la réalité du moment présent. Dehors, le ciel est gris, chargé d’une pluie fine qui, sous l’effet du froid mordant, pourrait bientôt se transformer en neige.

– Une tasse de café chaud entre les mains, tu t’installes près de la fenêtre, dans un fauteuil confortable. Tu laisses ton regard se perdre dans le ciel et ton esprit voyager au gré des mélodies et des mots. Les émotions montent doucement, s’ouvrant à la musique qui accompagne cet instant simple mais profondément intime.

– Un moment suspendu,ONZE devient la bande-son parfaite pour débuter sa journée avec sérénité et douceur.

Cover : @misterfifou   Graphisme : @arthur.connault  Graphisme additionnel :@charlottebouchard   Make up : @alexiamzallag   Hairstyle : @hair.joyy   Stylisme : @selfina_33 & @romanecswsk   Label @rochemusique

Avec ONZE, son premier album à la fois réconfortant et introspectif, Enchantée Julia tisse un lien subtil entre une voix captivante, une néo-soul élégante et une écriture à plusieurs strates sophistiquées et poétiques que l’on lui reconnaît bien.

Elle se dévoile au monde avec une profondeur émotionnelle rare, offrant ainsi une signature musicale d’une authenticité que l’on a plus l’habitude de côtoyer.

Cover : @misterfifou Graphisme : @arthur.connault  Graphisme additionnel :@charlottebouchard  Make Up : @alexiamzallag   Hairstyle : @hair.joyy   Stylisme : @selfina_33 & @romanecswsk   Label : @rochemusique

La vulnérabilité n’est pas une faiblesse, mais bien une force cachée, et c’est ce qu’a bien compris Julia depuis ses débuts. Déjà touchante et si juste dans l’écriture dans ses premiers EP, avec Boucle en 2019 puis Longo Maï en 2022, l’artiste se révèle plus que jamais en cette fin de 2024.
À une époque où il est rare de se dévoiler sans artifice, elle choisit de livrer un premier album intime et authentique. Chaque morceau est une confession, oscillant entre fragilité et résilience inspirantes. Cette dualité émotionnelle fait de ONZE une œuvre marquante où les sentiments s’expriment avec une sincérité rare et ce, sur onze titres.

« C’est quelque chose qui me porte et qui m’a toujours portée. Ce n’est pas anodin que cet album s’appelle ONZE, le chiffre de l’intuition.  « 

Enchantée Julia, Vogue France

Le choix du nom d’album “ONZE” est loin d’être un hasard, tant ce chiffre revêt une importance particulière dans la vie d’Enchantée Julia. Comme elle le confie elle-même, ce nombre est chargé de symboles et constitue une véritable clé de lecture de son identité. Née en novembre, le onzième mois de l’année, Julia a toujours cultivé un lien particulier avec ce chiffre. Le 11 février 1997, l’album “Baduizm d’Erykah Badu », une œuvre pleine de sens pour elle, voit le jour. À l’âge de onze ans, Julia découvre sa voix, amorçant ainsi sa quête artistique. Plus récemment, elle s’unit à Prince Waly le 11 mars 2023, la date ayant été choisie par la mairie.
Enfin, son premier album, ONZE, paraît en novembre 2024, bouclant ainsi un cycle symbolique riche de sens.
ONZE ne se contente pas d’être un simple titre : il devient le fil rouge spirituel et émotionnel d’une œuvre où se croisent sa destinée, son intuition et sa créativité. En effet, en numérologie, le nombre 11 est lié à une sensibilité accrue et à une forte intuition. Les personnes qui sont influencées par ce chiffre sont souvent capables de percevoir ce qui échappe aux autres, et peuvent également s’exprimer par une grande créativité ou un talent artistique particulier. Cela en dit long.

Onze, c’est également le titre qu’elle partage avec Prince Waly sur cet opus. Si les deux âmes sœurs ne sont pas à leur coup d’essai et ont déjà collaboré ensemble, c’est la première fois que son mari fait son apparition sur un projet de la jeune chanteuse. Le morceau raconte l’histoire de leur rencontre, un moment mémorable survenu lors d’un concert de Daniel Caesar au Palais de Tokyo. Ce titre, à la fois intime et vibrant, capture l’énergie des deux artistes en une belle chanson complice. C’est d’ailleurs le seul featuring de l’album.

Pour saisir plus précisément l’essence de ONZE, il faut plonger dans le processus créatif d’Enchantée Julia, documenté avec authenticité dans un mini-documentaire dévoilant les coulisses de l’album. Elle réintroduit ainsi une forme d’honnêteté qui fait cruellement défaut dans l’industrie musicale actuelle. Ce regard sans filtre sur son travail rend l’album encore plus teinté de sens, en ancrant sa musique dans une réalité vécue et partagée par ses proches, son équipe, et elle-même.

 

“Les Santolines”, dernier track de l’album, incarne pourtant le point de départ de l’aventure artistique d’Enchantée Julia. S’inspirant de la maison familiale portant ce nom, elle a trouvé dans ce lieu l’atmosphère idéale pour nourrir sa créativité et façonner son premier projet entourée d’une équipe talentueuse.

Crayon, Tices, Marc-Antoine Perrio et Daniel Malet apportent chacun leur singularité en tant que producteurs, mais leur collaboration donne à Onze une fluidité remarquable. Ce travail d’orfèvre, soutenu par l’ingénieur du son Clément Caritg (Luidji, Lossapardo,Tuerie, pour ne citer qu’eux), se distingue par une cohérence sonore saisissante. Huit des morceaux sont d’ailleurs réalisés par le talentueux et jeune multi-instrumentiste LaBlue. Le mastering de l’album a été réalisé par le célèbre new-yorkais Dave Kutch, qui a entre autres, livré son génie sur des albums de The Weeknd, Beyoncé, Billie Eilish, Justin Timberlake, Jhené Aiko, H.E.R., etc. Une qualité de son qui n’a rien à envier à des mastodontes américains.

« Parce que ma musique, ce n’est pas exactement de la soul, du R&B ou de la pop, je trouve ça trop dur de se mettre une étiquette . »

Julia en Interview Konbini

ONZE reflète pleinement la liberté artistique d’Enchantée Julia. Refusant de s’enfermer dans des carcans, elle explore sa créativité sans contrainte ni nécessité de s’aligner sur un genre précis. Bien que souvent associée au R&B par les critiques, l’artiste s’affranchit de ces étiquettes pour suivre son propre chemin musical.
Elle nous démontre d’ailleurs qu’il est possible d’aborder l’amour dans le R&B de manière sincère et pure, loin des représentations toxiques ou des histoires compliquées souvent véhiculées par le genre. Avec sa touche unique, Enchantée Julia prouve que l’amour peut être simple, lumineux et empreint de douceur.

Si l’ensemble de l’album forme une unité harmonieuse, chaque morceau possède son identité propre, permettant de les apprécier indépendamment les uns des autres. Réussir un tel équilibre aujourd’hui entre cohésion globale dans un projet et pertinence individuelle de chaque titre est un exercice complexe, qu’on se doit logiquement de souligner. Tout cela témoigne d’une grande maîtrise artistique, que l’on retrouve aussi bien dans la musicalité de l’album, ou encore dans sa plume teintée de métaphores.
Enchantée Julia et son équipe ont conçu une œuvre aussi profonde dans son ensemble que dans ses moindres détails. L’auditeur y trouve une totale liberté d’écoute : que ce soit en écoutant quelques titres à la volée ou en savourant l’album dans son intégralité, chaque instant passe à une vitesse folle, tant il est impossible de s’y ennuyer.
Enchantée Julia aborde des thèmes intimes qui lui tiennent à cœur, des sujets qu’elle n’avait pas encore explorés dans ses projets antérieurs. Avec une grande poésie, elle évoque les personnes qui l’entourent et qu’elle chérit : de la maladie de Moussa avec « La sève » et l’impact que celle-ci peut avoir dans une relation de couple, de sa relation avec sa petite sœur et de son désir qu’elle prenne soin d’elle et se confie dans « Go », ou encore de sa meilleure amie, un être solaire qui vit un deuil et qui n’ose pas montrer sa tristesse dans « Mystère ».
Parmi ces nombreuses déclarations d’amour envers les autres, Enchantée Julia puise également au plus profond d’elle-même pour se mettre à nu et se révéler plus introspective que jamais. Dans « Save Me », elle aborde ses luttes intérieures, évoquant ses ennemis avec cette phrase forte de sens rappelant Sartre : « La Terre brûle mais l’enfer, c’est les autres ». La terre qui brûle représente son monde intérieur, le chaos des doutes et des énergies négatives qu’elle tente de disperser.

L’esthétique du clip mérite également d’être soulignée, tout comme les photos qui composent l’album, capturées par le talentueux Fifou, qui parvient à transposer avec finesse l’ambiance feutrée et intimiste de l’œuvre.

Dans « Ballade », Enchantée Julia évoque sa carrière et le long chemin qu’elle parcourt depuis des années pour faire reconnaître son art, un parcours souvent marqué par des illusions, comme elle le souligne dans « Leitmotiv ». Dans « Fleur de peau », elle explore la peur de s’engager dans une nouvelle relation, hantée par les blessures du passé, mais avec l’irrésistibilité de se lancer.

Autant de situations qui peuvent raisonner dans chacun des auditeurs. Elle nous les parages sans réserve, telles des mantras salvateurs et nous invite ainsi à entrer dans son cocon.

Enchantée Julia confie son ressenti de ne jamais être à la hauteur dans son titre “Doutes” mais elle s’y méprend : ONZE se révèle être bien plus qu’un simple album, c’est une immersion dans son univers où elle se livre avec une sincérité désarmante, dévoilant toute sa vulnérabilité et sa grâce. Ce premier opus est une ôde à l’authenticité, un recueil d’introspection, tout en étant maîtrisé comme rarement lors d’un premier album.

Avec des compositions audacieuses, une sensibilité délicate et une voix hypnotique, Enchantée Julia continue d’avancer à pas de géant sur un parcours musical qui ne cesse de rayonner de plus en plus intensément, « l’avenir peu à peu se dessine » comme elle le dit si bien dans le titre introductif de l’album, “Cygne”.
Un voyage musical à ne pas manquer, d’autant plus que la chanteuse a récemment annoncé quelques dates en France, et que d’autres suivront très bientôt.

Cover : @misterfifou   Graphisme : @arthur.connault  Graphisme additionnel :@charlottebouchard   Make up : @alexiamzallag   Hairstyle : @hair.joyy   Stylisme : @selfina_33 & @romanecswsk   Label @rochemusique

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